La Lamborghini Miura apparut tel un OVNI sur les routes des années soixante. Véritable claque tant technique qu’esthétique, elle surpris le monde entier par son style radical lors de sa présentation officielle au salon de Genève de 1966. Technique d’abord car avec son moteur V12 transversal placé en position centrale arrière, elle apporta une vraie rupture avec ce que les meilleurs ateliers produisaient à l’époque, comme les Ferrari 275 GTB à moteur avant. Stylistique ensuite car le jeune designer Macello Gandini qui travaille alors chez Bertone a fait preuve d’un fabuleux un coup de crayon. Il fut motivé par une liberté de création sans limite et une envie de briser les codes établis. Au cours de sa production de 1966 à 1973, la Miura connaitra plusieurs évolutions, de l’initiale P400, à la P400 S puis à la P400 SV (pour Super Veloce). Une automobile de légende à redécouvrir !


LES HOMMES DERRIERE LA LAMBORGHINI MIURA

Ferruccio Lamborghini ne souhaitait s’engager dans aucune compétition automobile. Malgré tout, il fit appel à des hommes issus de la course. L’équipe qui a œuvré sur le projet P400 était très jeune, moins de 30 ans. Marcello Gandini et Bob wallace (pilote d’essai) avaient tous deux 27 ans en 1965. Le directeur technique Gian Paolo Dallara et l’ingénieur Paolo Stanzani étaient âgés de 29 ans.

C’est cette jeunesse et cette fougue associées à une liberté de création sans borne qui a pu donner naissance à une machine extraordinaire. Seulement 4 mois de développement ont été nécessaires. La branche automobile de Lamborghini n’avait que 3 ans d’existence au lancement de la Miura et devait innover techniquement et sur le plan du style pour exister face à une concurrence bien établie, Ferrari et Maserati en tête. Ainsi l’innovation et le style devinrent le fer de lance de Lamborghini, son ADN même.

Les jeunes ingénieurs étaient impressionnés par les performances des voitures de course à moteur central arrière, Ford GT Mark III et Ferrari 250 LM. Ce qui a été certainement décisif dans leurs choix techniques. Ces deux voitures étaient disponibles en version de route mais n’ont pas été conçues initialement pour la route, contrairement à la Lamborghini Miura.

Les hommes en charge de la conception de la Miura, de G. à D., Paolo Stanzani, Marcello Gandini et Gian Paolo Dallara.
Manque à l’appel Bob Wallace, décédé en 2013.

Les hommes qui ont conçu la Lamborghini Miura

LE DESIGN

La hauteur de pavillon est réduite à l’extrême (1,10 m). Des lignes douces et galbées qui se prolongent avec des traits plus affutés, la Lamborghini Miura est une vraie révolution stylistique. En rupture totale avec les GT, les « Gran Turismo » que l’on croisait sur les routes des années soixante, avec leurs longs capots. On considère à juste titre que Gandini venait d’inventer la première Supercar, une catégorie extrême de voitures de sport.

Deux optiques inclinables rehaussés par des cils si caractéristiques, noirs mats qui tranchent avec la profusion d’accastillages chromés qui habillaient ses concurrentes. Pas de lunette en verre à l’arrière mais la fameuse jalousie destinée à refroidir le moteur. Les ailettes placées à l’arrière des portières apportaient de l’air frais au bouillonnant V12. La Miura n’est pas très large, mais la ligne est très racée sans jamais paraître trop agressive. Un pur-sang de l’asphalte prêt à bondir à la moindre sollicitation de la pédale de droite. Les cils disparaîtront sur les version SV, et les ailes arrières seront élargies pour recevoir des pneus plus larges.

A l’intérieur,  c’est le raffinement sportif à l’italienne. Du cuir, de l’aluminium et des cadrans ! Les deux gros compteurs prennent place derrière le volant, presqu’au niveau des genoux. Les différents cadrans (manomètres de pression d’huile, batterie, carburant) sont disposés sur la console centrale et des commandes prennent place au plafond. Les sièges en cuir invitent au voyage dans un confort qu’on imagine relatif.


LA TECHNIQUE

Ferruccio Lamborghini ne souhaite pas lutter en compétition face aux deux mastodontes que sont Ferrari et Ford. Il préfère forger sa réputation sur une suprématie technique et stylistique de ses voitures de route. Suspensions indépendantes, 4 arbres à came en tête et moteur en position transversale. Autant d’innovations venues de la course qui permettront à Lamborghini de s’imposer comme un constructeur de véhicules technologiquement avancés.

Le V12 de la Miura, développé par Bizzarini (ex-ingénieur Ferrari) pour la Lamborghini 350 GT fut fiabilisé et optimisé par l’équipe de Gian Paolo Dallara. Doté de douze cylindres en V, il est ouvert à 60 degrés. Sa cylindrée est maintenue à 3,9 litres mais sa puissance est portée à 350 chevaux sur les premières versions de Miura P400, avant de progresser à 370 CV sur les P400 S et 385 CV sur les P400 SV. La puissance maximale est atteinte au régime moteur de 7000 tr/min. Le moteur est placé transversalement en position centrale arrière. Il est monté d’un seul bloc avec la boîte de vitesse et l’embrayage. Ces solutions techniques, inédites pour une voiture de route permettent de maintenir un ensemble boite-moteur très compact et bas. Grâce à cette configuration, Gandini pourra dessiner une machine très racée.

Le châssis est construit en tôle perforée pour réduire le poids qui flirte à peine avec la tonne. Dans le même but d’allègement, les jantes Campagnolo sont en magnésium. Les capots avant et arrière qui basculent entièrement sont réalisés en aluminium. Le résultat est une machine très équilibrée sur le papier. La répartition des masses est de 45% à l’avant et 55% à l’arrière (réservoir d’essence plein).


LA LAMBORGHINI MIURA SUR LA ROUTE

Avec une vitesse maximale de 280 km/h (295 pour les SV), pas de limitation de vitesse, posséder une Miura c’était être au sommet hiérarchique automobile ! Voiture la plus rapide du monde en son temps, il fallait avoir du cran pour pousser à fond cette mécanique endiablée. A très haute vitesse, l’avant avait tendance à s’alléger, surtout avec le réservoir faiblement rempli. Un comportement qui a effrayé plus d’un possesseur. Gandini a confié avoir fait peu d’études aérodynamiques, seulement quelques fils de laine collés à la carrosserie…

Le châssis, réputé pas assez rigide fut amélioré sur les version S afin d’offrir un meilleur comportement. Les commandes, très viriles, que ce soit l’embrayage, la boîte de vitesse ou la direction non assistée, nécessitent un véritable engagement physique.

La sonorité est envoutante dès le démarrage. Mais c’est dans les hauts régimes que le V12 s’exprime pleinement. Il évolue alors d’un feulement de félin à un rugissement indescriptible dans les tours, avec quelques détonations jouissives à chaque levé de pédale. Totalement addictif et sensationnel !


LA LAMBORGHINI MIURA AUJOURD’HUI

La Miura demeure l’une des plus belles réalisations automobiles du monde et l’une des plus si ce n’est la plus désirable. C’est par elle que Ferruccio Lamborghini est devenu crédible pour défier Enzo Ferrari. On connaît tous la légende du fabricant de tracteur déçu par ses voitures de sport au cheval cabré…

Plus de 50 ans après son lancement, cette icône des 60’s déchaine toujours les passions et fait tourner bien des têtes. En posséder une, c’est goûter à la liberté et à l’insouciance des années soixante. Les collectionneurs nostalgiques (et fortunés) font souvent s’envoler les enchères. Les Miura les plus rares et les plus authentiques passent souvent la barre du million d’euros. Pour l’anecdote, un client m’a confié avoir versé quelques larmes le jour de la vente de sa Miura… C’est dire la relation émotionnelle qu’on peut entretenir avec cette machine.

En conclusion, la Lamborghini Miura a bel et bien sa place dans les Légendes de la route de Rêves-Mécaniques.

Lamborghini Miura capots ouverts

Crédit photo Automobila Lamborghini S.p.A

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